Le yin yoga, c’est quoi ? Et pourquoi le pratiquer ?

Ma toute première rencontre avec le yin yoga s’est faite lors d’un atelier de 2h en 2011 alors que je travaillais encore en agence de com’ à un rythme effréné. Et en toute honnêteté, j’ai détesté ces 2h. Elles m’ont parues être de la torture pour mon corps et pour ma tête. J’en suis sortie retournée et désabusée : pourquoi m’était-il si difficile de rester immobile ? Pourquoi mon mental ne voulait pas s’arrêter lorsque je lui demandais de le faire ?

Je suis donc retournée faire une autre session lors d’un atelier à nouveau. A l’époque le yin yoga n’était pas super connu et les cours collectifs étaient plus que rares. Portée par la voix du professeur (Biff) et la musique live (de Prema), mon corps et mon mental m’ont donné l’impression de s’emboiter comme les deux pièces un puzzle et même s’il m’a été difficile de ralentir (sans même parler de m’arrêter), ces deux parties de mon être n’en faisaient enfin plus qu’une : moi.

Depuis, j’ai suivi de nombreuses formations en Yin yoga (avec Biff Mithoefer et Bernie Clarke) et j’ai pu expérimenter physiquement, mentalement et émotionnellement le Yin yoga. Puis avec mes formations dans le cadre de mon activité de professeur de yoga (en « yang » : PranaFlow, MBSR et méditation mais aussi anatomie),  j’ai pu comprendre aussi ce qu’il se passe lorsque je pratique le yin yoga et en apprécier tous les bénéfices sur moi mais aussi sur les pratiquants (j’enseigne le yin yoga depuis 2013 plusieurs fois par semaine).

Le yin yoga est une pratique « récente », puisque datant des années 2000 sous cette nomenclature, mise en place par Paul et Suzy Grilley. C’est une modalité de pratique non normée, car elle ne demande pas d’alignements, de séquencement ou de cadre spécifiques. Seule une trentaine de postures ont été « codifiées »1 et des principes nous guident pour en recevoir un maximum de bénéfices. Ces principes sont au nombre de 3 etils sont inter-connectés :

  • Trouver l’espace juste : ni trop ni pas assez. C’est-à-dire un espace dans lequel le corps peut rester, sans douleur mais avec un jeu de tension et de compression qui va nous permettre de rester dans un espace intense ou inconfortable selon les pratiquants.
  • Rester immobile dans la posture : se permettre de ne plus faire de mouvements volontaires, rapides ou brusques. Permettre au mental de se poser dans cet espace (par une observation du souffle, des émotions ou sensations en présence ou par le biais de visualisations par exemple).
  • Tenir le temps indiqué ; plusieurs minutes, entre 3 et 6 en moyenne.

Comme vous pouvez le noter, 2 de ces 3 principes sont totalement subjectifs (Qu’est-ce que l’immobilité ? Où est l’espace juste de chacun ?), et le troisième principe demande à s’en remettre à une durée établie (par votre professeur ou un des  livres que j’ai nommé en 2) . Mais ils garantissent malgré tout au pratiquant d’être dans un espace de yin yoga, et non de restorative, de hatha ou de vinyasa yoga par exemple.

Le yin yoga est à la frontière entre l’hindouisme et le taoïsme. On y pratique des asana avec une action indirecte sur les méridiens principaux de la médecine chinoise.

C’est une pratique de méditation et d’introspection qui nous permet de nous retrouver, dans le sens le plus honnête et le plus direct, et qui nous oblige à ralentir. Ce qui nourrit les aspects yang de notre vie car le corps se délie et le mental devient plus souple lui aussi

Seul face à ce qui est, le yin yoga nous permet aussi d’accepter ce qui est en nous plutôt que de vouloir à tout prix l’ignorer ou le changer, ce qui consomme également beaucoup de notre énergie.

Le yin yoga vient solliciter nos tissus conjonctifs (tendons, ligaments, fascia…) et leur permet de l’être dans les amplitudes des articulations auxquelles ils sont attachés et dans tout le corps.

Pour pouvoir travailler le corps et le mental en profondeur, le yin yoga permet largement l’utilisation de supports comme les briques, les bolsters et les couvertures (entre autre) tant que ces supports permettent de nourrir les 3 principes nommés ci-dessus. Ils ne sont donc en aucun cas des supports pour forcer la posture (ce qui serait trop yang) ou pour éviter tout jeu de compression/tension (ce qui serait trop yin2).

 

1 Cf. « Yin Yoga » de Paul Grilley  ou « The yin yoga complete book » de Bernie Clark

2 Cf. mon article « Quelle différence entre le yin yoga et le restorative yoga ? »